En 2003, j’ai été déployé en Afghanistan avec le NZSAS [Special Air Service de Nouvelle-Zélande]. Pendant l’opération, j’ai roulé sur une mine terrestre, qui a détruit mon véhicule et m’a causé de graves blessures. À cause de l’accident, j’ai subi une amputation de la partie inférieure de ma jambe gauche, des fractures à ma jambe droite et des éclats d’obus dans le côté gauche de mon corps.
Afin de m’adapter à ma nouvelle vie et de renforcer ma motivation à surpasser les attentes, il était essentiel que je me dote d’une prothèse robuste à haute performance. Comme toutes bonnes choses, cela ne s’est pas fait du jour au lendemain; quand j’ai finalement reçu ma prothèse ultramoderne, j’ai compris deux choses :
1) J’ai réussi à atteindre mes objectifs de carrière sans une prothèse de haute technologie. Mon subconscient n’allait pas me laisser abandonner tout simplement parce que je n’avais pas une prothèse dernier cri. Les choses ont été difficiles, mais on ne peut pas briser la motivation de quelqu’un qui est résolu.
2) Avant de recevoir ma nouvelle prothèse, je ressentais une douleur aiguë après avoir marché seulement dix mètres, mais je poursuivais sans me plaindre en pensant que personne ne pouvait s’en apercevoir. En vérité, ma famille savait toujours quand je souffrais. J’essayais de cacher ma douleur, mais elle me rendait grognon et peu sociable parfois. Ma nouvelle prothèse a amélioré ma qualité de vie de nombreuses façons. Je ne souffre plus et je suis heureux, ce qui rend ma famille heureuse.
Cette prothèse a amélioré ma vie de toutes les façons possibles; par exemple, du jour au lendemain, je pouvais marcher non plus 100 mètres, mais bien cinq kilomètres! Sans plaisanter, j’ai reçu ma nouvelle prothèse un matin et j’ai couru cinq kilomètres le lendemain matin! Je peux maintenant faire de la randonnée, du vélo de montagne, du kayak et, surtout, je peux sortir de la maison pour aller prendre l’air avec ma famille.
Ces jours-ci, je porte des shorts et une prothèse qui reflète la personne que je suis. Elle est forte, polyvalente sur le plan technique et très chic (comme moi!). Quand je montre aux enfants de quoi ma prothèse a l’air, ils réagissent et répondent avec étonnement.
La réadaptation n’a pas été facile. J’ai trouvé l’aspect émotif le plus difficile – ces sentiments d’impuissance et de peur. Je suis un homme imposant et fort et j’ai travaillé avec acharnement pendant toute ma vie en étant fier de mon travail et de mes réalisations. Au début, je tentais de surmonter les limitations physiques et d’évaluer les capacités potentielles d’une personne amputée. Toutefois, rien dans mon plan de réadaptation ne visait à gérer mon état psychologique ou émotif.
En fin de compte, j’ai dû améliorer ma qualité de vie en laissant derrière mes peurs et mes doutes et en devenant plus optimiste quant à mon avenir et à mes possibilités.
Je sais que cela n’a pas été facile pour ma famille. Comme j’étais encore jeune quand je suis revenu de déploiement avec cette blessure bouleversante, notre vie est devenue de véritables montagnes russes pour lesquelles personne n’était prêt. Nous avons vu le pire de nous-mêmes et, au bout du compte, le meilleur de chacun de nous. Il ne faut jamais sous-estimer les répercussions que la blessure physique d’une personne peut avoir sur les membres de sa famille. C’est une situation délicate, mais on peut y arriver. De bonnes personnes, un bon soutien et une attitude « un jour à la fois » sont requis. Les outils de prédilection de ma famille sont l’espoir, l’amour et le pardon – vous en aurez besoin en abondance.
Un changement de carrière calculé était nécessaire. Trouver un équilibre entre les études, une mise à niveau de mes compétences et le remboursement d’une hypothèque n’a pas été aussi simple que nous le pensions. En fait, ç’a été l’une des épreuves les plus ardues de nos vies et nous avons vécu bien des hauts et des bas.
Je suis heureux de dire que nous nous en sommes tenus à notre plan sur dix ans et nous sommes en voie de réaliser nos projets d’avenir. Quelle aventure!