Pour de nombreux militaires, les traumatismes de la guerre vont bien au-delà du champ de bataille. Au Canada, on estime qu’environ 10 % des anciens combattants composent avec un trouble de stress post-traumatique (TSPT), un trouble de santé mentale décrit comme une réponse psychologique à une expérience traumatique intense. Les TSPT se présentent sous plusieurs formes. Dans certains cas, les symptômes peuvent diminuer ou disparaître avec le temps, tandis que dans d’autres cas, les symptômes durent toute la vie, causant une anxiété et une détresse débilitantes, non seulement chez la personne atteinte, mais aussi chez ceux qui prennent soin d’elle.
« Mon père ne parle pas beaucoup [de son TSPT] à ma sœur et à moi », raconte Rhiannon Wyatt, fille de Sean Wyatt, membre d’Équipe Canada 2016. M. Wyatt a servi pendant 29 ans dans la Marine royale canadienne, et la famille Wyatt se bat contre le TSPT du père depuis plusieurs années, essayant de comprendre les changements qui surviennent dans son comportement. « Ils [les symptômes] ont commencé lorsqu’il a aidé au nettoyage du vol 111 de la Swissair, mais il a fait face à des situations traumatiques tout au long de sa carrière dans la Marine, ce qui a contribué à ce TSPT débilitant. »
Le TSPT est une blessure invisible, ce qui est d’autant plus frustrant pour le personnel militaire touché ainsi que les membres de leur famille et leurs amis. Malgré la sensibilisation accrue sur la manière dont le TSPT touche les militaires et les anciens combattants, il y a très peu de lumière sur ses effets sur leurs êtres chers.
« Avoir un handicap invisible est difficile à gérer, à bien des égards », ajoute Rhiannon. « Le TSPT de mon père se manifeste de nombreuses manières qui sont difficiles à comprendre. Parce que c’est tellement frustrant pour lui, cela entraîne des accès de colère, qui ne visent à blesser personne, mais qui peuvent être blessants. Il faut lutter pour se rappeler qu’il a besoin de notre soutien et qu’il ne faut pas prendre ces choses à cœur. »
Lorsque l’on lui demande si sa relation avec son père a changé en raison du TSPT, Rhiannon explique qu’elle a dû travailler sur elle pour accepter la nouvelle personnalité de son père. « Vous devez être prêt à laisser partir l’ancien moi de l’être aimé et l’accepter comme il est maintenant », explique-t-elle. « Mon père a toujours été mon roc, et il est extrêmement difficile de le voir souffrir. Il s’opère un transfert, et c’est nous qui devons commencer à prendre soin d’eux, et c’est difficile à accepter. Je ne l’ai pas encore bien assimilé, mais j’y travaille. »
Pour la famille Wyatt, les Jeux Invictus de 2016 à Orlando ont offert une occasion de briser le silence sur le TSPT. Voir son père concourir avec bravoure en tir à l’arc aux Jeux Invictus a été une expérience qui a changé la vie des membres de la famille. Les Jeux ont non seulement donné à M. Wyatt une nouvelle mission, ils lui ont aussi donné l’occasion de reprendre contact avec ses collègues militaires en sachant que sa famille et lui n’ont pas à faire face seuls à cette maladie. « On sent que c’est la fin du silence… comme si nous pouvons enfin respirer », poursuit Rhiannon. « Il y a un objectif à atteindre, quelque chose à espérer, et un groupe incroyable de personnes qui sont prêtes et disposées à se tenir aux côtés de ma mère, de ma sœur et de moi afin de soutenir mon père. »
Les Jeux Invictus de 2017 à Toronto sont heureux de rendre hommage au soutien et aux sacrifices des familles et des amis des militaires.